mercredi 21 septembre 2011

L'Afrique Réelle N°21 - Septembre 2011


























SOMMAIRE :

Actualité : Mayotte
- Où en est-on cinq mois après la départementalisation ?
- Cette chère Mayotte

Dossier : Somalie
- Famine en Somalie : des causes d'abord humaines
- L'insoluble question somalienne
- Le Somaliland : histoire d'un divorce
- Le Somaliland peut-il être une alternative à l'enclavement de l'Ethiopie ?

Rwanda :
- L'assassinat de deux gendarmes français par les hommes de Paul Kagamé le 7 avril 1994

EDITORIAL :

Dans ce numéro de rentrée trois grands sujets sont abordés : la question somalienne, les conséquences désastreuses de la départementalisation de Mayotte et l’assassinat, le 7 avril 1994 de deux gendarmes français par les soldats de Paul Kagamé lequel vient d'achever une visite officielle en France.

La Somalie est donc une nouvelle fois frappée par une famine. Une fois encore, inondés d’images terribles et assommés par la dictature de l’émotionnel, les « nantis » d’Europe sont priés de « mettre la main à la poche ». Or, comme nous l’expliquons, cette aide est totalement inutile puisqu’elle ne s’attaque pas aux deux principales causes de ce drame à répétition qui sont :

1) Une guerre tribalo clanique sur laquelle nous n’avons aucune prise.
2) Une surpopulation suicidaire s’expliquant par un taux de natalité de plus de 45 pour 1000 et un indice de fécondité par femme qui atteint 6,76 enfants. Résultat, le fragile équilibre écologique régional a été détruit. Or, nous n’avons pas davantage de prise sur cette réalité.

Politiquement et militairement, la situation bouge sur le terrain. C’est ainsi que les milices islamistes connues sous le nom de Shebab, ont quitté Mogadiscio le 6 août dernier, vaincues par les soldats de l’AMISOM au premier desquels le contingent ougandais, et cela après des combats acharnés. Durant le seul mois de juillet et les premiers jours d’août, une centaine de soldats de l’AMISOM ont ainsi perdu la vie. Quant aux islamistes, leurs pertes ne sont pas connues, mais plusieurs de leurs principaux leaders parmi les plus aguerris ont été tués, dont Fazul Abdullah Mohammed considéré comme le cerveau des attentats meurtriers ayant visé les ambassades américaines du Kenya et de Tanzanie en 1998.

Les milices islamistes sont désormais face à deux grands problèmes :
- Le premier est leur difficulté de plus en plus réelle d’approvisionnement en armes modernes, dont, essentiellement les missiles antichars, car l’Erythrée, leur principal pourvoyeur, est sous la menace de sanctions de la part de l’Union africaine et de l’ONU. Ne pouvant plus mener une guerre conventionnelle, les miliciens devront donc avoir recours à la guérilla urbaine s’ils veulent reprendre pied à Mogadiscio ; mais, pour cela, ils doivent bénéficier de l’appui de la population, ce qui est loin d’être le cas, leur influence étant cloisonnée par l’alchimie tribale somalienne.
- Le second est politique car leurs buts de guerre sont pour le moins confus, la révolution islamique régionale qu’ils prônent, avec son corollaire qui est la création d’un califat transnational se heurte en effet à trois obstacles de taille :

1) Ils sont cantonnés à une partie de la Somalie, le Somaliland et l'essentiel du Nord du pays (le Puntland) leur échappe.
2) Ils sont contenus par les pays de la ligne de front « chrétienne » à savoir l’Ethiopie et le Kenya.
3) Les Etats-Unis et leurs alliés arabes ont juré leur perte.

C’est avec cet arrière-plan que le 18 août, à Kampala, a eu lieu une importante rencontre entre les présidents Museveni d’Ouganda et Issayas Afewerki d’Erythrée. Ce dernier, pourtant chrétien, est le principal soutien des Shebab. Sa stratégie obsessionnelle étant d’affaiblir l’Ethiopie et ses alliés, il s’est résolument rangé dans le camp des islamistes radicaux puisque ces-derniers constituent un danger pour Addis Abeba.
Lors de cette entrevue, le président Museveni a fait part à son bouillant homologue érythréen de sa détermination à maintenir et même à renforcer le contingent ougandais de l’AMISOM. Il lui a ensuite conseillé de cesser son soutien aux milices islamistes faute de quoi son pays serait ajouté à la liste des Etats soutenant le terrorisme.
L’Ethiopie compte les points en observant avec satisfaction l’affaiblissement diplomatique de son ancienne façade maritime devenue Etat indépendant en 1991.

Bernard Lugan

1 commentaire:

  1. Effectivement, Mayotte est devenue un sacré nid de frelon!!

    http://www.youtube.com/watch?v=NKeIWFl9hjY&feature=player_embedded

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