jeudi 27 décembre 2012

Centrafrique : pour tenter d’y voir clair


L’ancien Oubangui-Chari, le Dar Kouti ou « terre des esclaves » des négriers arabo-musulmans, est un quadrilatère de 623 000 km2 présentant de grandes différences géographiques, donc humaines, entre un nord sahélien, des savanes centrales, une forêt  méridionale et des régions bordières du fleuve.
Du mois d’août 1960, date de l’indépendance, jusqu’à 1993, avec Barthélemy Boganda, Jean-Bedel Bokassa, David Dacko et André Kolingba, le pays fut dirigé par les « gens du fleuve », Ngbaka ou Yakoma. En 1979, la France renversa l’ « Empereur »  Bokassa et installa au pouvoir David Dacko. Le pouvoir de ce dernier fut contesté par Ange-Félix Patassé, un nordiste sara soutenu par la Libye contre laquelle la France guerroyait au Tchad. En 1981, le général Kolingba, un Yakoma, prit le pouvoir.

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dimanche 23 décembre 2012

Mali : l’Algérie prend la main

Le 21 décembre 2012, à Alger, au lendemain de la visite de François Hollande, et au moment où le conseil de sécurité de l’ONU votait à l’unanimité l’envoi d’une force africaine au Mali, des représentants du MNLA et d’Ansar Dine, les deux composantes de la rébellion touareg, scellaient leur réconciliation, déclarant être prêts à discuter avec Bamako et à intervenir militairement contre les bandes islamo mafieuses qui occupent le nord du Mali. Qu’elle soit suivie d’effets ou non, cette annonce constitue une très importante victoire diplomatique algérienne dans ce Sahel, longtemps « pré carré » français. Le 23 novembre 2012, dans une précédente analyse, j’écrivais à ce sujet que l’effacement régional de la France était la conséquence d’une erreur d’analyse reposant sur la priorité donnée aux postulats idéologiques aux dépens des réalités géographiques, anthropologiques et historiques, avec pour résultat de laisser la place à d’autres, dont l’Algérie et les Etats-Unis. Maintenant que cette « prédiction » s’est réalisée, comment ce dossier désormais internationalisé et dont la gestion a échappé à Paris peut-il évoluer ?

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jeudi 20 décembre 2012

Mali : entre realpolitique et dhimmitude, quand l’Algérie dicte la politique de la France


Tel Cyrano, me « bouchant le nez devant l’azur », je laisserai à d’autres le soin de dénoncer le discours de François Hollande devant les députés algériens pour m’en tenir à la seule question du Mali.

Quand les services français et les hommes de terrain démontraient qu’il était impératif de soutenir les Touareg contre les islamistes, les conseillers de l’Elysée considéraient qu’une telle analyse relevait du romantisme colonial, parce que nous ne sommes plus à l’époque de l’Escadron blanc. Englués dans leur idéologie  et donc totalement déconnectés des réalités, ils soutenaient au contraire l’idée d’une rocambolesque intervention de la CEDEAO, ce volapuk ouest africain, cache-sexe de leur incompétence ou, comme  l’aurait dit Péguy, de leurs « lâchetés civiques et intellectuelles ». 
Or, miracle de Notre Dame d’Afrique, il aura suffi de quelques minutes à peine au président Bouteflika pour convaincre François Hollande qu’il s’agissait pourtant là de la seule politique réaliste à tenir dans la région et qu’il convenait donc d’oublier une intervention militaire à laquelle l’Algérie était, avec raison, totalement opposée (voir mes précédents communiqués à ce sujet).
Maître en matière de langage convenu, le Figaro a merveilleusement bien résumé ce retournement par un titre : « Paris et Alger convergent sur le dossier malien ». Singulière convergence en effet quand, en réalité, François Hollande, avec la fermeté de vues que nous lui connaissons, s’est purement et simplement rallié aux options d’Alger…
Face à cette insolite mais néanmoins louable reculade, comment vont donc réagir les « conseillers » de l’Elysée dont la principale activité a consisté jusque là à dynamiter les analyses que les militaires font « remonter » depuis le terrain? Vont-ils continuer à bloquer l’aide aux Touareg, permettant ainsi aux islamistes de conforter leurs positions, ou bien vont-ils soutenir la nouvelle politique française qu’il va falloir expliquer à nos amis de la région sahélienne ? Comme ce changement a été décidé par l’Algérie, gageons que tous les héritiers des « porteurs de valises » l’adopteront, soit avec l’ethno-masochisme des collabos, soit avec la résignation des dhimmis … 

Bernard Lugan
20/12/12

lundi 17 décembre 2012

Que faut-il attendre du voyage de François Hollande en Algérie ?


Les 19 et 20 décembre, accompagné de huit ministres et de l’incontournable Benjamin Stora, François Hollande effectuera un voyage officiel en Algérie. Deux mois après avoir rendu un scandaleux hommage aux prétendues « victimes » d’une manifestation interdite qui, le 17 octobre 1961, et alors que la France était en guerre, tentèrent un coup de force en plein Paris, saura t-il se comporter en chef de l’Etat et non plus en militant sectaire? Nous le saurons sous peu.

Au Maghreb, la France avait deux alliés historiques, le Maroc et la Tunisie, et un partenaire, l’Algérie, avec lequel les rapports sont à la fois compliqués et complexes. La Tunisie étant désormais hors jeu, le dernier véritable ami régional de la France est donc le Maroc. Le voyage du président français va-t-il être une opération de bascule au profit de l’Algérie ou un simple rééquilibrage dans les relations entre Paris, Rabat et Alger? Au-delà des polémiques et de la guerre des mémoires, où en sont les relations entre la France et l’Algérie ? Peuvent-elles être influencées par le voyage présidentiel ?

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mardi 11 décembre 2012

La Tunisie deviendra-t-elle le « Tunistan » ?

Passés en quelques mois de la clandestinité au pouvoir, les islamistes du parti Ennahdha sont engagés dans une politique de fuite en avant. Premier parti à l’issue du scrutin à l’assemblée constituante du 23 octobre 2011, mais minoritaire dans l’absolu, Ennahdha qui a obtenu 89  sièges sur 217 fut contraint de constituer une coalition avec deux partis de « centre gauche ». Aujourd’hui, fragilisés par le naufrage économique et social de la Tunisie, les islamistes veulent faire passer en force leurs principes théocratiques afin d’empêcher tout retour en arrière.

Face à eux, et selon les sondages, deux Tunisiens sur trois considèrent que la situation du pays est mauvaise ou très mauvaise, mais cette masse de mécontents est à la fois inorganisée et divisée ; quant à l’armée, elle n’a pas le même poids historique qu’en Egypte. La seule force d’opposition cohérente est donc l’UGTT (Union générale des travailleurs tunisiens) qui revendique 500 000 membres et qui est en guerre ouverte contre les « barbus ». Pourra t-elle empêcher que la Tunisie se transforme en « Tunistan » ? Nous le saurons dans quelques heures puisque le puissant syndicat a décrété une grève générale et une mobilisation de grande ampleur pour le 13 décembre; il sera alors possible mesurer sa représentativité.

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samedi 8 décembre 2012

Egypte : révélations sur le coup d’Etat « discret » du 7 décembre 2012

Le 8 décembre au matin, dans un communiqué particulièrement clair, l’armée égyptienne a mis en garde les Frères musulmans, soulignant que les méthodes du président Morsi, à savoir les pleins pouvoirs qu’il venait de s’octroyer afin de faire adopter en force une constitution théocratique, allaient faire emprunter à l’Egypte « un sentier obscur qui déboucherait sur un désastre, ce que nous (l’armée) ne saurions permettre ». C’est en maîtresse de la situation que parlait l’armée. Elle était fondée à le faire car, dans la nuit du 7 au 8 décembre 2012, elle avait en effet réussi un coup d’Etat « discret ». Le second en un an. Le premier s’était produit le 10 février 2011 et il était dirigé contre Hosni Moubarak ; le second, celui de cette nuit, le fut contre les Frères musulmans. Explication et révélations sur ces deux évènements de très haute importance.

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jeudi 6 décembre 2012

Egypte : le dessous des cartes


Comme il fallait s’y attendre, et comme je l’ai annoncé depuis plus d’un an, notamment sur ce blog, l’Egypte est en phase de pré guerre civile. Si la situation devait empirer, son poids démographique, son déficit alimentaire chronique, l’enchevêtrement de ses populations et son environnement géopolitique, feraient que les évènements y auraient des conséquences encore plus importantes que celles que nous observons plus à l’ouest depuis l’élimination du colonel Kadhafi.

S’il n’est pas question d’annoncer le résultat de la partie qui se joue sous nos yeux, il est cependant possible d’identifier les acteurs qui ont pris place autour du tapis car la vie politique égyptienne est organisée autour de quatre grandes forces :
  
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mardi 4 décembre 2012

L'Afrique Réelle N°36 - Décembre 2012






 

 

















SOMMAIRE :

Actualité : L'année 2012 en Afrique

Dossier : Les Etats-Unis et l'Afrique

- La nouvelle politique africaine des Etats-Unis
- L'AGOA et ses limites
- La fragilité des partenaires privilégiés
- La politique militaire des Etats-Unis en Afrique

Repentance européenne : La révolte des Mau-Mau


Editorial de Bernard Lugan : Mali, le dessous des cartes

Compte tenu de l’état de l’armée malienne et des difficultés rencontrées dans la constitution du contingent promis par la Cedeao, la reconquête du nord Mali ne semble pas pouvoir être programmée avant la fin de la prochaine saison des pluies, donc pas avant les mois de septembre-octobre 2013. D’ici là, les formateurs étrangers, notamment français, auront la lourde tâche de créer en quelques mois une force de 2600 combattants maliens.

En attendant, les négociations qui vont bon train et qui se déroulent en coulisses à Ouagadougou sont peut-être en passe de rebattre les cartes. 
Ces pourparlers qui se font à deux niveaux concernent d’une part les Touareg du MNLA et ceux d’Ansar Eddine, d’autre part ces deux mouvements et les « autorités » de Bamako avec pour objectif d’isoler les islamistes. 

Les signes de l’évolution du dossier sont de plus en plus nets. 
Le 16 novembre 2012, les autorités burkinabe déclarèrent ainsi que le MNLA et Ansar Eddine étaient disposés à négocier avec Bamako. Certains responsables d’Ansar Eddine allèrent alors jusqu’à affirmer qu’ils se joindront à l’entreprise qui visera à libérer le nord du Mali des « groupes étrangers » - lire islamistes -, qui l’occupent.
En retour, le 18 novembre, les autorités maliennes, par la voix du Premier ministre Modibo Diarra répondirent favorablement à cette ouverture en soulignant que le MNLA et Ansar Eddine étant composés de Maliens, rien n’interdisait donc de négocier avec eux.
Parallèlement la reprise du dialogue entre les factions Touareg et Bamako, le rapprochement inter-Touareg est engagé.
Ses trois principales composantes sont :

1) Le MNLA qui n’a plus de position hégémonique depuis qu’il a été écrasé par les islamistes.
2) Ansar Eddine dont le chef, l'Ifora Iyad Ag Ghali n’a jamais véritablement coupé les ponts avec les autres Touareg et qui a, semble t-il, réussi à ramener à lui la plupart de ceux qui avaient rejoint Aqmi. Son jeu est complexe car après s’être aligné sur les positions extrémistes des fondamentalistes islamistes, aujourd’hui, il est prêt à leur faire la guerre.
3) Les forces du colonel Ag Gamou, un Imghad replié au Niger et qui pense pouvoir engerber des combattants issus des diverses populations du nord Mali comme les Songhay, les Peul, les Arabes et certains touareg. Le colonel Ag Gamou est soutenu par l’Algérie.
De leur côté, les islamistes n’ignorent pas qu’ils risquent de devoir combattre sur plusieurs fronts à la fois. Comme ils n’ont jamais fait du Mali leur objectif prioritaire, lorsque le danger se précisera, ils abandonneront donc leurs positions de Tombouctou et de Gao pour se diluer dans le désert afin de se porter sur le sud de la Libye. Les conditions régionales y sont idéales pour la constitution d’un « Sahélistan » aux confins du Tchad et du Darfour, cependant qu’un continuum fondamentaliste pourra être établi avec les islamistes de Boko Haram du nord Nigeria.